Article paru dans les DNA2 000 spectateurs en sept représentations

11 février 2020
https://www.jackykeller2020.fr/wp-content/uploads/2020/02/est-ce-l-incomprehension-ou-la-bagarre-photo-dna-1581098867-1280x588.jpg

Dimanche 2 février vers 18 h, le rideau s’est fermé sur une dernière ovation du public au Pôle culturel, après sept représentations qui ont affiché « complet ». Et pourtant, la pièce déjantée de Serge Rickling, écrite en 2014 avec des références « hollandaises » à l’Élysée wenn d’Elsasser Paris uff de Kopf stelle , avait déjà été présentée l’an dernier dans une commune voisine ! C’est dire la renommée de la troupe d’abord, de la salle ensuite, avec un public venu de toute l’Alsace du Nord, quelquefois de plus loin encore et même du Pays de Bade.

Lorsque les Alsaciens mettent Paris sens dessus dessous

En 1969, pour sa première comédie, la troupe avec déjà Robert Berling et Marie-Jeanne Mathern, l’actuelle responsable et présentatrice, avait fait le choix de D’Pariser Reis  de Gustave Stoskopf. Ce « voyage à Paris », écrit par l’une des grandes références du théâtre alsacien, en une période où l’Alsace était allemande était conçu alors pour des personnages grands bourgeois, dans leurs costumes trois-pièces ou leurs robes de collection.

Avec la comédie de cette année « lorsque les Alsaciens mettent Paris sens dessus dessous », ce sont de tout autres personnages qui sont montés dans la capitale !

Bien loin des gentlemen farmer, trois couples de paysans, comme on n’en fait plus, Robert Berling et Céline Klein, Martin Gless et Christine Savarit, Christophe Schultz et Yvette Hoch, se retrouvent par erreur dans un hôtel de luxe parisien à la période du salon de l’Agriculture ! Là trône la patronne (Fabienne Krauss) attentive à la réputation, aidée de la réceptionniste, vraie pipelette, Stéphanie Steinmetz et du groom, un peu efféminé, Thomas Wenger, tous trois parfaits dialectophones.

Décors soignés

Le concepteur et les décorateurs avaient tenu à soigner le hall de réception et le public ne s’y est pas trompé en applaudissant la performance à chaque ouverture de rideau : mobilier et couleurs des murs assortis à quelques œuvres d’art de PASO, présent à l’une des représentations, ascenseur fonctionnel entre le 4e  étage et le sous-sol, avec l’aide d’Etienne Wenger. Alors à leur arrivée, à tour de rôle, les paysans, dans leurs costumes mal fagotés n’en reviennent pas !

Dans cette comédie, par moments un peu incohérente aux dires d’un bon connaisseur, mais qui livre – pour la plus grande joie du public – tant d’occasions de rire, avec des quiproquos hilarants, de bons mots alsaciens, de situations cocasses, de moments désopilants – jouent encore Éliane Moxel, riche cliente cougar, toujours prête à renouveler sa garde-robe pour mieux plaire et Nicolas Petrazoller, metteur en scène pour un nouveau film avec l’hôtel comme décor, tous deux également dialectophones.

Le suspens viendra aussi de deux sosies de Christophe Schultz et Christine Savarit, en acteurs bien connus et surprenants dialectophones qui souhaitent vivre leur relation sentimentale, sans être reconnus !

Depuis cinq décennies

Le public qui à aucun moment n’a ménagé ni son rire, ni ses applaudissements retiendra encore le récit en vrai sketch de la traversée de Paris en métro, l’histoire du taureau promené dans les rues, au désespoir du maire de Paris, les chaussettes de couleurs vives de l’un, les peignoirs des autres.

Depuis cinq décennies, le succès du théâtre alsacien à Drusenheim n’a fait que s’amplifier. La troupe peut en effet compter sur une équipe d’amis, comme Lucienne Knab dans le rôle de souffleur et bien d’autres pour la réalisation des décors, la technique, le maquillage, l’accueil du public et le service. Elle peut compter aussi sur un public fidèle, amateur de rire, mais amateur également d’alsacien et de l’Alsace.

© Copyright 2020 Jacky Keller – Tous droits réservés.
Création du site internet : Nicolas SCHIFF