Après le retour des Allemands à Drusenheim, le 5 janvier 1945, les tirs d’artillerie s’intensifièrent début février. La journée du 13, il y a donc 75 ans, fut la plus meurtrière.
Dans le livre Opération Nordwind , de Francis Rittgen, paru en 1984, Albertine Wolff, habitante de Drusenheim racontait ce terrible jour. « Nous nous trouvions dans la cave de l’école de filles. De nombreux avions apparurent vers 11 h pour larguer une douzaine de bombes et mitrailler tout ce qui bougeait. Terrifiés, nous nous tenions par les mains en priant à haute voix, convaincus que notre dernière heure était arrivée. Notre cave résista pourtant au bombardement, mais il nous fallut déblayer l’entrée ensevelie de débris divers pour pouvoir retourner enfin à l’air libre. Un spectacle de désolation s’offrit à nos yeux : les maisons aux alentours avaient été soufflées par l’explosion des bombes et quinze personnes trouvèrent la mort dans une cave proche de la nôtre. Les avions nous survolèrent encore plusieurs fois en mitraillant… »
Ils étaient quinze dans la cave bombardée. La cave touchée était celle de la boucherie Kormann à la hauteur de l’actuel n° 56 de la rue du Général-de-Gaulle. Des familles ont été presque entièrement décimées. Les corps furent rassemblés et enterrés au cimetière, à l’ombre du calvaire. Parmi la cinquantaine de victimes civiles et les nombreux blessés des premiers mois de 1945, les morts de la boucherie Kormann symbolisent toute l’horreur de la guerre. Ils avaient entre 10 et 85 ans et portaient les noms des familles Bast, Herrmann, Kormann, Muller, Roos et Schumacher.
Plus tard, la commune fit poser une dalle avec nom, prénom, âge des quinze personnes, date et circonstances du décès « victimes civiles de la guerre 1939-1945 – bombardement du 13 février 1945 ».
Commémoration officielle
La libération définitive de Drusenheim interviendra plus d’un mois après, le 17 mars 1945. Pour le 75e anniversaire, plusieurs événements sont programmés : exposition historique au Pôle culturel du 11 mars au 9 avril ; représentation théâtrale D’Fameli Strumpfmann , le 13 mars, toujours au Pôle, dépôt de gerbe au monument aux morts le 17 mars, enfin commémoration officielle samedi le 28 mars avec messe pour la paix, cérémonie officielle et dévoilement d’un mémorial, symbole de réconciliation et d’entente franco-allemande.